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B24 Liberator

Dans un précédent article, j’avais promis de vous narrer l’odyssée de l’équipage américain du B24 Libérator dont une plaque commémorative est posée sur un rocher de l’Alpe d’Huez.

Le 27 mai, vers 18h15, je poussais la porte de la salle de la Locomotive à Vizille. Mon récit avait débuté deux semaines plus tôt. La ville de Brié organisait la journée des créateurs et ouvrait ses locaux aux artisans artistes. J’ai eu la surprise de découvrir le stand des « Amis de l’histoire du Pays Vizillois ». Daniel Blanc Gonnet et Denis Bellon passionnés de la mémoire de notre région, présentent dans leurs revues un éventail allant des grandes années du tissage aux résistants de la seconde guerre mondiale. La conversation, vous vous en doutez, a glissé sur le passé aéronautique. Ce sujet sera une de leurs prochaines éditions car le cimetière de Vizille est le lieu de repos de plusieurs aviateurs et sur une stèle, un avion en mosaïque bleue brille au soleil. Je leur ai expliqué que notre association accordait une grande place au devoir de mémoire parmi ses diverses activités. Je suis retourné à la maison chercher un exemplaire de notre revue. Je leur ai donné le numéro qui présentait Grenoble ville de l’AGN 2013. Pendant mon aller-retour, l’un d’eux était allé au cimetière photographier tombes et stèle pour me les présenter. J’ai apprécié le geste. Puis je les ai laissés à d’autres visiteurs non sans nous promettre de nous revoir. J’ai reçu une invitation pour une soirée expo conférence pour célébrer cette journée historique qui a grandement aidé à notre libération, la création en 1943 du Conseil National de la Résistance. Donc vous avez compris ce petit saut spatio-temporel (on ne se refait pas). Je me suis mêlé aux visiteurs déjà nombreux, parcourant la salle très lumineuse, allant de panneaux en panneaux prêtés par le musée de l'Alpe d'Huez. Je suis arrivé devant un triptyque relatant le périple d’un bombardier B24. Ma curiosité a été aiguisée par le fait que l’histoire commençait dans les hautes alpes, lieu de naissance d’AM et où ses oncles ont été résistants. C’est le récit de la dernière mission des 10 membres d’un équipage américain accompagnés exceptionnellement par un photographe, avant leur retour en permission aux USA. Leur B24 décolla de Spinazzela en Italie le 19 juillet 1944 pour aller bombarder un nœud ferroviaire près de Munich. Touché par la défense antiaérienne, ils ont voulu se détourner vers la Suisse mais les appareils de navigation étant endommagés, le Liberator s'est écrasé à Chorges près de Prunières (aux environs du lac de Serre Ponçon). Les aviateurs américains se croyaient en Suisse. La distance au sol entre le premier et le dernier saut est d’environ 2,5 km. C’était du un par un quand on sait que sauter ne faisait pas partie de leur instruction. Ken 1° lieutenant pilote commandant de bord sera le dernier. Pressé par la vue du sol si proche, il heurte violemment du front le bord de la trappe et semi inconscient se tord une cheville en se posant. Ils ont été recueillis par le maquis de Réallon qui les a soustraits de justesse aux recherches des Allemands car le crash du bombardier ne passa pas inaperçu et déclencha une grande effervescence à la gestapo de Gap. Son articulation rapidement consolidée, il rejoignit ses compagnons. Il trainera tout le voyage les séquelles de son choc à la tête avant de pouvoir recevoir les soins appropriés. La situation étant peu sûre pour ces aviateurs il fut décidé de les diriger vers le maquis d’Oisans. Pour gagner de vitesse les allemands et la milice, ce fut en camion jusqu’au Pont du Fossé. Là, le chauffeur leur indiqua la direction à suivre non sans leur signaler les lieux enclins aux mauvaises rencontres. Tout le monde avait le sentiment d’un abandon, mais il était impossible de prévenir les responsables des secteurs traversés. Il était aussi dangereux pour un résistant de quitter sa région tant la méfiance de tout et de tous était élevée. Cartes et boussoles en main, le moral au plus bas, ils se mirent en route à pied, dans une campagne inconnue. Leur groupe ne passa pas longtemps inaperçu, ils furent suivi et observé : langue inconnue, blousons avec des aigles dans le dos. Harassés, oubliant toute prudence ils se réfugièrent dans l’église de Benevent après avoir traversé et s’être désaltéré au lavoir de Saint Bonnet. Il ne faisait plus de doute pour la population qu’ils étaient les terroristes que les allemands recherchaient en fouillant les fermes environnantes. Le contact fut établi et le moral remonta à la vue d’une banderole où ils lirent « welcome aux Américains ». Il fallait être gonflé ou inconscient connaissant le dynamisme sauvage de la Gestapo de Gap. Le temps de se reposer et de se restaurer, il fut décidé que Jeunesse et Montagne dont Beau Papa Jeannot fit partie, assurerait leur cheminement par la route la plus sûre. Ce sera la haute montagne à partir de la Chapelle en Valgaudemar. Ils y parvinrent cachés sous les ridelles bâchées d’un gazogène hoquetant sur des routes non goudronnées. La prudence était extrême, il faut s’arrêter avant les carrefours, observer, souvent attendre, remettre du bois dans le camion. Enfin la vallée se resserra et les montagnes n’avaient jamais été si proches. Le 27 juillet, ils sont réveillés à 2 heures du matin. La longue marche à pied va commencer sur des reliefs seulement vu du ciel. Encadrés par trois guides ils partirent de 1100 m, franchirent le col de Gioberney (3233 m) et descendirent au refuge de La Pilatte (2572 m). C’est une cabane en planches qu’ils atteignirent vers 22 heures. La nuit de repos commença avec l’espoir retrouvé. Au matin, la peur renaissait quand des coups violents furent frappés à la porte. Ce fut la rencontre avec les résistants du massif de l’Oisans. Par la Bérarde, ils rejoignent Bourg d’Oisans. A leur arrivée à l’Alpe d’Huez le 29 juillet, en raison de leur statut d'aviateurs américains ne pouvant rallier une formation combattante, ils furent donc affectés à l’hôpital installé à 1800 m d’altitude dans une zone éloignée des accrochages. Ce répit fut de courte durée, les derniers sauvages combats livrés par la Wehrmacht aux résistants, imposa le 10 août le déménagement du groupe médical en suivant les déplacements du maquis. Ils ont sauvé les blessés en les transportant en brancards et charrettes tirées par des mulets pendant 10 jours dans des conditions inimaginables entre 2600 et 3300 m d’altitude qui méritent toute notre reconnaissance. Leur périple se termina à la libération de Grenoble avec les troupes françaises et américaines réunies.

Du 17 juillet au 1° août 1995, neuf aviateurs et leur famille revinrent invités sur ces lieux imprégnés d’histoire. Nous imaginons l’émotion qui a saisi toutes les personnes présentes aux nombreuses cérémonies. Monsieur Pierre Montaz qui fut leur compagnon d’épopée est allé les revoir aux States. Mais, m’a-t-il confié, son âge et le décès de ses amis ont fait qu’il n’y retournera plus. Je remercie tous les organisateurs pour la qualité de cette soirée.

Fiche technique du Boeing B-24 J Liberator

Longueur : 20,22 m

Envergure : 33,52 m

Hauteur : 5,48 m

Poids à vide : 15422 kg

Vitesse maximale : 488 km/h à 7620 m d’altitude

Rayon d’action : 3700 km

Plafond: 8500 m

Motorisation : 4 moteurs Pratt & & Whitney (twing Wasp 14)

R- 1830-65 de 1200 cv chacun

Armement: 10 mitrailleuses Browning de 12.7 mm

Transport : 2268 kg de bombes

Equipage : 10 hommes

P LAFAVERGES votre dévoué Webb master

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Published by ansoraa.isere.over-blog.com - dans Mémoire